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chapitre xvii

religieuses avaient été, au xviie siècle, en relations suivies avec celles de Port-Royal, avec la Mère Angélique et avec la Mère Agnès ; leur évêque était Henri Arnauld, frère de ces deux Mères ; tout enfin contribuait à unir étroitement ces deux monastères. Les religieuses de Saumur n’avaient pas été persécutées au xviie siècle ; elles firent au xviiie, ce que Port-Royal n’aurait pas manqué de faire s’il n’avait pas été détruit quatre ans avant l’apparition, de la Bulle Unigenitus. Elles luttèrent avec courage contre une Bulle que leur conscience ne leur permettait pas de recevoir ; elles furent enfin dispersées et leur couvent fut détruit en 1747 Rien ne fait mieux voir que le prétendu jansénisme et le prétendu quesnellisme sont deux aspects d’un seul et, même fait historique, la résistance du catholicisme augustinien au molinisme des Jésuites. Port-Royal eût appelé de la Bulle Unigenitus et il eut adhéré à la cause de l’évêque de Senez, comme l’ont fait avec un si merveilleux ensemble les ordres religieux et les congrégations de femmes du xviie siècle. En luttant comme on vient de le voir, ces mêmes ordres n’ont fait que suivre l’exemple donné par Port-Royal, avec cette différence qu’ils ne sont pas allés tous, jusqu’au martyre, parce que les âmes n’avaient plus la même trempe.

Étant donné ce fait, il n’y a pas lieu de s’étonner si les adversaires de la Bulle ont eu à un si haut degré le culte de Port-Royal ; s’ils ont travaillé avec un si grand zèle à faire connaître son histoire dans tous ses détails. La belle estampe de Restout intitulée Le pèlerinage de piété représente le diacre Paris et le prêtre Tournus allant prier ensemble sur les ruines de Port-Royal des Champs ; cela ne veut pas dire que Port-Royal conduise à Saint-Médard, comme le prétendaient