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chapitre xvii

filles à Paris et dans les provinces les plus reculées. Les documents ne feraient pas défaut, car si le scrupuleux Nivelle s’est astreint à ne faire figurer dans son Recueil d’appels que des religieuses mortes ou hors d’atteinte, parce que, disait-il, la persécution était encore plus violente contre elles que contre les hommes ; le rédacteur des Nouvelles ecclésiastiques a été moins prudent et moins discret ; il a tout dit, et il a nommé tout le monde. C’est par milliers qu’il a cité les religieuses qui ont été persécutées à cause de leur opposition à la Bulle. Sans entrer dans le détail de ces persécutions, qui atteignirent successivement les Visitandines, les Carmélites, les Ursulines, les Filles du Calvaire, les Bénédictines, les Hospitalières et beaucoup d’autres congrégations, il suffira de citer brièvement quelques faits bien établis d’après lesquels on pourra juger du reste. Quelques-unes de ces congrégations, notamment les Bénédictines du Val-de-Grâce, étaient encore opprimées à cause de leur résistance à la Bulle sous Louis XVI, à la veille de la Révolution.

Les religieuses de la Visitation n’étaient pas à priori suspectes de jansénisme, puisque la sœur Marie Alacoque a vécu dans leur maison de Paray-le-Monial sous la conduite des Jésuites, et cependant beaucoup d’entre elles ont rejeté la Bulle Unigenitus. Il ne faut pas trop s’en étonner, car leur fondatrice, Mme de Chantal, n’avait pas été béatifiée en 1715 à cause de son union intime avec la Mère Angélique et de son admiration sans réserve pour l’abbé de Saint-Cyran. Ce sont les Visitandines de Castellane, au diocèse de Senez, qui les premières ont été persécutées parce qu’elles refusaient d’accepter la Bulle. Elles partageaient les sentiments de Soanen, qu’elles vénéraient