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chapitre xvi

Paris, et l’affaire marchait bien mais les Jésuites s’en mêlèrent, et tout fut rompu. Il ne fallait pas que la Sorbonne redevînt, grâce à l’appel, ce qu’elle avait été jadis ; aussi les partisans de la Bulle s’appliquèrent-ils à la réduire de nouveau en esclavage. La Cour destitua en 1720 le syndic Jollain, élu par la Faculté lorsque Hideux sortit de charge, et ce poste si important, celui de Nicolas Cornet, fut donné par une simple lettre de cachet au docteur Romigny, moliniste fougueux, qui l’occupa sans interruption durant seize ans. En 1721, une autre lettre de cachet rétablit avec honneur les vingt-deux docteurs molinistes que la Faculté avait exclus de ses assemblées, et par contre quarante-cinq docteurs appelants furent exclus à leur tour et même exilés. On n’osa pourtant pas contraindre la Sorbonne à révoquer son appel de 1717 tant que Noailles vécut, il ne fut même pas question de lui infliger cette palinodie. Mais le 4 novembre 1729, aussitôt après l’installation de Vintimille, le syndic Romigny lut en séance une lettre de cachet qui interdisait de toutes fonctions et privait de tous droits et prérogatives tous les docteurs qui avaient appelé de la Bulle depuis l’accommodement de 1720, tous ceux qui avaient signé le formulaire à la façon des religieuses de Port-Royal en 1705, c’est-à-dire sans déroger à la paix de Clément IX, tous ceux enfin qui avaient protesté contre la condamnation de l’évêque de Senez en 1727. C’était un coup d’État, car on chassait ainsi de la Sorbonne plus de cent docteurs, et les meilleurs sans comparaison. Dans ces conditions, l’affaire de l’appel au concile fut bientôt réglée ; on ne le révoqua même pas, il fut considéré comme inexistant, et c’est alors que l’abbé Pucelle s’écria en plein Parlement qu’il ne restait plus de la