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histoire du mouvement janséniste

pour cela qu’il est mort les armes à la main en 1694 ; c’est ainsi qu’il a mérité la belle épitaphe que lui a consacrée Boileau. Il est mort avec une sérénité parfaite, dans les sentiments de la piété la plus vive, en condamnant la doctrine impie des cinq propositions, et en déclarant à nouveau que le jansénisme était un fantôme.

Le plus fidèle des amis d’Arnauld avant 1679, ça été Nicole. Né à Chartres en 1625, venu à Paris en 1642, il avait étudié à fond saint Augustin, qu’il ne séparait pas de saint Thomas ; il n’avait subi en aucune façon l’influence de l’abbé de Saint-Cyran que sans doute il n’avait jamais vu. Il fut appelé en 1654 au secours d’Arnauld qui succombait sous le faix, et on a vu non sans admiration quel fut son rôle dans l’affaire des cinq propositions, au temps des Provinciales, et de l’Apologie des Casuistes par le Père Pirot, enfin et surtout lorsqu’il fit les Imaginaires, les Visionnaires et la solide Apologie des religieuses de Port-Royal contre le Père Annat et contre Péréfixe. C’est de beaucoup la plus belle époque de sa vie, car nul n’avait été plus dévoué, plus vif dans la défense et dans l’attaque. Pendant la paix de l’Église, il ne s’était pas démenti un seul instant, et l’amitié de Mme de Longueville, qui le préférait au grand Arnauld lui-même, lui était un précieux encouragement. Après la mort de la duchesse, il fut le premier à prendre peur et à quitter la France pour la Belgique. Mais alors tout son courage tomba ; rejoint par Arnauld, il refusa de l’accompagner plus loin, et bientôt il fit parvenir à l’archevêque persécuteur une promesse de ne plus écrire qui fut considérée comme une lâcheté par ses meilleurs amis. Le Roi de Haute Fontaine et Sainte-Marthe écrivirent alors à son sujet des lettres très