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chapitre x

tion des Messieurs, préfaçait, comme on dit aujourd’hui, un Recueil de poésies chrétiennes dédié au jeune prince de Conti, en 1671. C’est en 1677 l’heure de Racine, l’enfant prodigue dont le retour comble de joie ses anciens maîtres. Quant aux publications faites par les Messieurs, ces écrivains infatigables, elles se réduiraient, si l’on en croyait Sainte-Beuve, à quelques ouvrages composés contre les protestants ; suivant son expression pittoresque, les anciens défenseurs de la grâce ne font plus la guerre à l’intérieur. Mais c’est une erreur manifeste, et il suffit pour la réfuter de citer les Vies de saint Athanase, de saint Basile et de saint Grégoire de Nazianze et enfin de saint Ambroise, publiées par Godefroi Hermant de 1671 à 1678, la première avec la collaboration de Lenain de Tillemont. Et les Essais de Nicole, étudiés complaisamment par Sainte-Beuve, n’ont-ils pas paru eux aussi en 1671 et les années suivantes ? Ce que les Messieurs se sont alors rigoureusement interdit, ce sont les controverses sur la grâce, et même, chose plus difficile, les attaques contre les casuistes relâchés, car en cela ils auraient contrevenu aux stipulations de la paix de l’Église. Les Pensées de Pascal parurent, après bien des atermoiements, le Ier janvier 1670, mais Florin Périer, beau-frère de Pascal, s’était fait octroyer un privilège pour la publication de cet ouvrage dès le 27 décembre 1666, au plus fort de la persécution. Malgré la paix de l’Église, on n’osa pas donner alors la Vie de Pascal que Mme Périer avait préparée pour la joindre à l’édition de 1670. Cette admirable Vie fut imprimée pour la première fois en 1684, à l’étranger, et d’après une copie très fautive. C’est celle-là que Sainte-Beuve a lue et admirée, et les grosses bévues s’y comptent par centaines. On peut aujourd’hui la lire dans des éditions