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histoire du mouvement janséniste

torique de grande valeur. Cette relation de plus de cent grandes pages a été insérée dans l’Histoire des persécutions ; elle est remplie de détails précis et parfois très piquants[1]. Elle est écrite avec humour, avec esprit, avec malice, avec méchanceté parfois, surtout quand il s’agit de ses anciennes compagnes Dorothée Perdreau, Flavie Passart et autres signeuses. Il faut lire le récit de la Sœur Pineau pour être à même de juger Péréfixe et Chamillard, et Dorothée Perdreau et Flavie Passart, qu’elle compare à Judas, et la Mère Eugénie Fontaine, une geôlière sans entrailles, et les visitandines qui l’entouraient, les bonnes mères de la Sourdière et Maupeou, qui admiraient tout à Port-Royal, qui en aimaient tout, mais qui subissaient le joug d’une discipline de fer[2].

En un mot la relation de Sœur Pineau fait très bien voir ce que fut la persécution à Paris ; ce qu’elle fut à Port-Royal des Champs, on le voit en lisant deux autres relations imprimées de même dans l’Histoire des persécutions, celle de la Mère du Fargis et celle du confesseur Paulon, encore un nom qui devrait se trouver dans Sainte-Beuve et qui ne s’y trouve pas. Cet abbé Paulon avait été nommé confesseur de Port-Royal en 1661 par

  1. On y voit pourquoi Péréfixe avait placé la Sœur Angélique de Saint-Jean auprès de Mme de Rantzau, « esprit avec esprit, science avec science ». Il faut lire, p. 377, ce qui est relatif au fameux procès-verbal du 26 août, rédigé par les Sœurs Eustoquie de Brégy et Christine Briquet. L’archevêque voulait les mettre au pain et à l’eau entre quatre murailles, et il dit en propres termes : « Ton tour viendra, Madelon Briquet », etc.
  2. « Je ne sais, dit à ce propos la Sœur Pineau, s’il y a un ordre de religion dans l’Église plus rempli de ténèbres que celui de la Visitation, et où l’on connaisse moins les véritables maximes et l’esprit du christianisme. Et néanmoins elles ont un véritable désir de plaire à Dieu en tout ce qu’elles font, et nous avons toujours remarqué en elles une véritable estime de leur vocation. » Cette relation est à lire si l’on veut connaître la Visitation.