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histoire du mouvement janséniste

lourd pamphlet intitulé Mars Gallicus, c’est précisément parce que son zèle ultra-catholique l’anima ce jour-là contre un gouvernement qui faisait alliance avec Gustave-Adolphe et avec les protestants d’Allemagne. En un mot Jansénius ne serait ni un hérésiarque ni même un hérétique, malgré le nombre considérable des ouvrages qu’il a composés, s’il n’avait laissé en mourant un volumineux manuscrit que ses exécuteurs testamentaires avaient ordre de faire imprimer, et que lui-même avait intitulé Cornelii Jansenii Yprensis Augustinus…. — « L’Augustin de Jansénius, évêque d’Ypres, ou la doctrine de saint Augustin touchant l’état de la nature humaine encore saine, touchant sa maladie et sa guérison, contre les pélagiens et les demi-pélagiens de Marseille. » Il ne saurait être question d’examiner ici cet ouvrage considérable, mais il est à propos de voir tout de suite ce que l’Augustinus était dans la pensée de son auteur. Jansénius avait si peu la prétention de s’ériger en chef de secte et de faire le novateur qu’il affectait de ne rien avancer de lui-même et de ne vouloir pas composer un traité dogmatique. Persuadé qu’il trouverait dans les innombrables écrits du docteur de la grâce une théorie complète et des réponses à toutes les difficultés, il se contentait de disposer dans un ordre déterminé les textes de saint Augustin, il les rapprochait les uns des autres, il en montrait les conséquences logiques ; en un mot il faisait pour les in-folio de l’évêque d’Hippone ce que Montaigne avait fait pour Sénèque et pour Plutarque, ou mieux encore ce que Pierre Charron fit pour Montaigne lui-même. L’Augustinus ne ressemblait donc en aucune manière à l’Institution chrétienne de Calvin ; il était le contraire d’une œuvre originale et personnelle. L’ouvrage auquel on pourrait le mieux le com-