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sa jeunesse et conservait du goût pour la musique, elle se plaisait à m’entendre et je chantais presque tous les soirs. Une fois seule avec elle, je chantai un de ces airs avec une expression si touchante, une prononciation si pure, que lorsque je quittai le piano, elle me dit : « Vous chantez à ravir, qui vous a donné cette musique ? »Je fus si épouvantée de la question que je perdis ma présence d’esprit, je rougis beaucoup et je répondis étourdiment : « Je n’en sais rien, Madame ». Elle fit un grand éclat de rire, et reprenant son ton ordinaire, elle dit avec aménité : « Je vous demande pardon, il s’agit peut-être d’un mystère bien nature ! à votre âge ? une personne aussi distinguée doit avoir fait un choix digne d’elle, et j’en serais garant ; mais