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bourgmestre de Bruxelles en eût le secret. Si M. le chevalier Wyns pouvait, d’un coup de pistolet, allumer les becs de gaz que la société chargé de l’éclairage de la ville laisse éteints, sous prétexte de lune, il n’exposerait certainement pas les habitans à se casser les jambes, à six heures du soir, dans la rue Royale.

« Indépendamment des tours ordinaires, tels que ceux des anneaux et des montres brisés, mis dans un pistolet, dans un canon, et retrouvés au cou d’un pigeon, tours que M. Philippe exécute avec autant de facilité qu’aucun de ses nombreux devanciers, qu’il rajeunit même par une foule de charmans détails ; il en a un très-grand nombre qui lui sont particuliers, et que nous n’avons jamais vu exécuter par personne. C’est une idée fort originale, par exemple, que celle de prendre du café en graines, du chenevis et des haricots, et de transformer le tout, sur la table, au nez des spectateurs, en café bouillant, en sucre et en crème. Casser des œufs dans un chapeau, y faire même une omelette est un tour vieux comme le monde; mais M. Philippe tire du chapeau un bien autre parti. D’abord il 1 écrase, le tache, le brûle, le coupe en morceau

  • , et le remet neuf à son propriétaire. Et puis un

chapeau est pour lui un magasin inépuisable; il y trouve des pigeons vivans, une layette complète, des fleurs de quoi parer toutes les dames, trente ou quarante gobelets de ferblanc, des fleurs encore, des jouets d’enfans qu’il lance à travers la salle, et enfin une quantité de plumes suffisantes pour remplir un édredon. Ajoutons que ces tours sont faits avec grâce, avec une sorte d’esprit, et ce qui ne gâte rien, avec une galanterie à laquelle les dames qui se voient inondées de fleurs et de bonbons sont extrêmement sensibles.

« Un charmant tour encore, c’est celui de la cuisine. M. Philippe prends deux enfans dans la salle ; il