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des majoliques blanches Le retable était orné d’un grand bas-relief en marbre alabastrin extrêmement poli et brillant, qui représentait avec des élégances, des allongements et des torsions de décadence florentine, un sujet religieux dont le titre nous échappe ; mais cette chapelle à part, peu visible, à moins d’y être conduit par un sacristain, ne dérange pas avec sa note relativement moderne la grave harmonie de l’ensemble.

En sortant, nous remarquâmes, au coin d’une rue aboutissant à la place, un ancien mirador style renaissance pris dans l’angle même de la maison, où il forme un pan coupé, disposition originale et gracieuse dont notre mémoire nous fournit peu d’exemples. La fenêtre donnant sur ce balcon était misérablement obstruée de pierrailles. Les rues d’Avila ont une physionomie assez farouche, qu’elles doivent en partie à la pierre d’un gris noirâtre empruntée sans doute aux roches voisines de la Guadarrama dont les façades des maisons sont revêtues, et aussi au caractère de leur architecture ; les portes à gros clous et à lourdes ferrures, flanquées de colonnettes en granit et historiées de blasons, y abondent comme à Tolède ; les fenêtres ne s’ouvrent que juste assez pour admettre le rayon de