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gloire dont les énormes rayons dorés traversent des nuages de marbre, d’albâtre rubané, de jaspe où tourbillonnent des têtes de chérubins, où s’épanouissent des palmes, des chicorées, des draperies volantes, des ornements tarabiscotés d’une proportion géante : c’est le comble du mauvais goût, de la folie et de l’absurdité, mais l’effet n’est pas moins bizarrement grandiose, et quoique ce transparent dépare l’église, on ne voudrait pas le jeter par terre.

Indiquons en deux mots le chœur, œuvre merveilleuse de Berrugueti, la chapelle mozarabe décorée de vieilles peintures représentant des combats d’Espagnols et d’Arabes sous les murs de l’ancienne Tolède et le débarquement des Sarrasins en Espagne, la chapelle du comte Alvar de Luna, la pierre où la Vierge posa les pieds lorsqu’elle descendit des cieux pour remettre à saint Ildefonse, son défenseur contre nous ne savons plus quel hérésiarque, la chasuble « en toile de soleil, » et enfin le sanctuaire de Notre-Dame, dont la garde-robe ferait envie aux impératrices et aux reines, et qui, les jours de fête, revêt un manteau brodé de deux cent soixante onces de semence de perle, de quatre-vingt-cinq mille grosses perles blanches et noires du plus bel orient et constellée d’étoiles de diamants, d’a-