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tre garçons de place. Les mules étaient chargées de plumets, de pompons, de houppes, de grelots et de fanfreluches de couleurs éclatantes à ne pas laisser voir le cuir du harnais. De petits drapeaux aux couleurs d’Espagne étaient piqués sur leurs colliers suivant l’usage et donnaient à l’attelage un air de fête contrastant avec son emploi lugubre, qui est de tirer hors de l’arène les cadavres des bêtes mortes, taureaux et chevaux.

La cuadrille alla, selon l’étiquette de la place, demander la clef du toril au gouverneur de la province, qui présidait la course. Les picadores se mirent en arrêt près des tablas ; — on appelle ainsi la barrière de planches qui entoure le cirque, laissant entre elle et l’estrade circulaire, où commence le premier rang des spectateurs, un couloir, lieu de refuge pour les toreros trop vivement poursuivis. — Les chulos se dispersèrent dans l’arène comme une nuée de papillons, secouant leurs capes de percaline glacée rose, bleue, vert-pomme, jaune-paille ; le garçon de service ouvrit la porte du toril en se faisant un bouclier du battant renversé sur lui, et le taureau, après quelques hésitations, s’élança dans la place.

Il n’aperçut pas tout de suite les picadores encastrés