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et qui, par conséquent, n’eut guère que deux siècles d’existence intacte.

Sur cette plate-forme, on jouit d’un panorama merveilleux. L’horizon s’arrondit en cercle immense ; en face de soi, l’on découvre la délicieuse vallée de Bade ; d’un côté, les montagnes boisées de la forêt Noire ; plus loin, la plaine où le Rhin brille par places à travers les brumes, cent villages semés çà et là : Rastadt, Carlsruhe, et, quand il fait clair, le dôme de Spire, la flèche de Strasbourg et les dentelures violâtres des Vosges lointaines ; mais ces hauts lieux sont sujets à se capuchonner de brouillard, et, le jour de notre ascension, un nuage rampait sur le flanc de la montagne, semblable à la fumée d’un feu de pasteur, mais pas assez épais pour nous empêcher de voir, à l’aide d’un télescope, un de nos amis entrant à la maison de Conversation.

La descente s’opère rapidement sur cette espèce de montagne russe, malgré les sabots dont le cocher enraye prudemment ses roues, et en quelques minutes vous vous retrouvez à votre point de départ, content de deux heures si bien employées.

Entrez un instant à la Trinkhalle, non pas pour boire un verre d’eau chaude, mais pour en admirer la voûte