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GÉRARD DE NERVAL.

sanscrite des Schlegel, le Divan oriental-occidental de Gœthe, les ghazels de Ruckert et de Platen avaient, d’ailleurs, préparée depuis longtemps à ces magies poétiques. La Légende du calife Hakem, l’Histoire de Balkis et de Salomon montrent à quel point Gérard de Nerval s’était pénétré de l’esprit mystérieux et profond de ces récits étranges où chaque mot est un symbole ; on peut même dire qu’il en garde certains sous-entendus d’initié, certaines formules cabalistiques, certaines allures d’illuminé qui feraient croire par moments qu’il parle pour son propre compte. Nous ne serions pas très-surpris s’il avait reçu, comme l’auteur du Diable amoureux, la visite de quelque inconnu aux gestes maçonniques, tout étonné de ne pas trouver en lui un confrère. Une préoccupation du monde invisible et des mythes cosmogoniques le fit