Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rapidement le terrain de sa chute. Trois ou quatre squelettes sous des vêtements d’un autre siècle, tombés en lambeaux ou affaissés sur des formes absentes, étalaient leurs lignes anguleuses. Quelques restes de dorure brillaient parmi ce détritus noirâtre, et l’un des cadavres encore coiffé de son chapeau faisait avec sa face décharnée, ses dents sans lèvres et ses yeux vides, une grimace lugubrement sarcastique. Cela ressemblait à cette effroyable eau-forte de Goya qui a pour titre : « Naday nadie. » Cette vision plus horrible que toutes les monstruosités du cauchemar, s’éteignit avec l’allumette qui commençait à brûler les doigts de Lothario.

« Il parait, se dit le prince retombé dans l’obscurité, que je suis au fond d’une oubliette assez bien meublée, mais quel intérêt avait cette fille à faire basculer sous moi ce canapé mécanique ? Ce serait un mauvais calcul pour les courtisanes