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On passa donc dans la chambre de Dafné. Une vaste pièce très haute de plafond, tapissée en cuir de Bohême à ramages d’or fauve, ornée de quelques tableaux de maîtres dont les teintes sombres faisaient tache dans leurs larges cadres d’or neuf, meublée d’un grand lit sculpté dans Le goût de la Renaissance et de fauteuils qui ressemblaient à des cathédrales. Cette pièce avait l’aspect lugubre de la chambre à coucher de la Tisbé au cinquième acte d’Angelo, tyran de Padoue. La Dafné y avait réalisé une décoration de mélodrame. Cela l’amusait d’avoir peur, le soir, en se couchant.

Dans un coin s’étalait un large divan ou plutôt un canapé en forme de banc antique, terminé à chaque bout par un sphinx dont la croupe servait d’appui aux coussins et permettait de s’accouder.

Lothario s’était assis sur ce divan et de ses bras enlacés attirait vers lui Dafné, qui faisait une molle résistance et dont