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rival. Le jeune attaché d’ambassade, quoique Dafné eût plusieurs fois laissé tomber la conversation comme une personne qui désire être seule, ne pouvait se résoudre à faire retraite. Il n’y avait plus dans le salon que lui et le prince Lothario, à qui mademoiselle de Boisfleury lançait des regards languissants. Enfin, il se leva et prit congé d’un air maussade. Lothario se disposait à le suivre lorsque Dafné lui prit la main nerveusement et lui dit très bas et très vite : « Allez retirer votre paletot de l’antichambre et renvoyez votre voiture. » Cette injonction ne parut pas trop surprendre le prince, et il se mit en devoir de lui obéir.

Pendant les quelques minutes qu’il mit à exécuter cet ordre, la Dafné qui maintenait à grand’peine son agitation, murmurait à voix basse : « Lothario est jeune, beau, riche. J’ai bien envie de manquer à ma parole. L’affaire serait aussi bonne de ce côté-là ; oui, mais la femme