Page:Gautier - Les musiques bizarres à l’Exposition de 1900, volume 4, 1900.pdf/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
MUSIQUE JAPONAISE


Scène 2

BANZA, la ghèsha KATSOUBACHI, une suivante, un porteur de lanterne
LA GHÈSHA

(Elle entre lentement, éclairée par le porteur de lanterne, et lève les yeux vers les arbres en fleur.) Qui donc pourrait dire que ce n’est pas ravissant ?… Ces fleurs semblent éclairer la nuit. Il n’y a pas de lustres qui vaillent ceux-là. Des bouquets de pétales forment des girandoles, ou bien, là où le fruit est déjà formé, ce sont des pendeloques de petites perles vertes. Ailleurs, elles sont plus grosses et commencent déjà à rosir. C’est une aurore, plus gracieuse que la lumière ; et, vraiment, on n’y perd pas !…

BANZA, s’avançant vers elle.

Ma douce Ghèsha, vous voici, enfin ! C’est vous que j’attendais, et depuis longtemps.

LA GHÈSHA

Je ne venais pas vers vous, seigneur.

BANZA

Vous y veniez sans le savoir.

LA GHÈSHA

Si je l’avais su, je serais restée où j’étais.

BANZA

Ne soyez pas mauvaise… Voulez-vous entrer avec moi à la Maison de Thé ?

LA GHÈSHA

Non, merci, seigneur, je préfère me promener.