de M. et Mme Smith ne pouvait être soutenue plus longtemps, et d’ailleurs miss Edith Harley n’était-elle pas comtesse de Volmerange, et sir Benedict Arundell l’époux de miss Amabel Vyvyan, ou peu s’en faut ! Ne venaient-ils pas de Sainte-Hélène avec l’idée de rentrer dans le giron conjugal ? Ne fallait-il pas aussi pousser jusqu’au bout l’épreuve philosophique ?
Volmerange avait reçu un billet d’Amabel, qui lui demandait de venir la prendre avec sa tante, pour aller au concert de la princesse ***. Il était tout habillé et prêt à partir, lorsque son valet de chambre vint lui dire qu’une femme voilée demandait à parler à Sa Seigneurie.
— Une femme voilée ! quelle singulière visite à pareille heure ! Il y a pourtant longtemps que je ne hante plus les coulisses de Drury-Lane, et nous ne sommes pas dans la saison de l’Opéra. Que diable cela peut-il être ? une mère à principes qui vient me proposer sa fille pour demoiselle de compagnie ?
— Mylord, que répondrai-je à cette dame ? dit
le valet de chambre, en insistant pour avoir une
réponse.
— Dites-lui qu’elle écrive son nom et ce qu’elle demande sur sa carte.
— C’est ce que j’ai eu l’honneur de lui dire, répondit le valet, mais elle a prétendu qu’elle désirait ne pas se nommer et ne voulait parler qu’à vous-même.
— Est-elle jeune ou vieille, laide ou jolie ? demanda le comte, par excès de précaution.
— Mylord, autant qu’on peut juger de la beauté