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où le comte ne venait que rarement et seulement pour faire avec ses amis quelque joyeuse partie de garçons.

Ce cottage, espèce de petite maison de Volmerange, était disposé d’une façon discrète : aucune vue ne plongeait dans son parc entouré de hautes palissades. Pas de voisinage importun : l’amour pouvait y pousser ses soupirs, l’orgie y crier sa folle chanson, sans éveiller l’attention de personne ; mais, par exemple, on aurait pu s’y égorger en toute sécurité. Avec des intentions voluptueuses, c’était une grotte de Calypso ; avec des intentions sinistres, un antre de Cacus. Qu’on nous pardonne cette mythologie : les intentions de Volmerange n’étaient pas gaies, c’était donc un coupe-gorge.

Le jour commençait à baisser, et la chambre dans laquelle Volmerange entra, poussant Dolfos, était humide et froide comme l’antichambre d’un tombeau ; elle n’avait pas été ouverte depuis longtemps.

Dolfos se laissa tomber dans un fauteuil et s’appuya la tête sur une de ses mains. Il était profondément abattu. Quoique d’une imagination audacieuse, il n’avait pas le courage physique. Le repentir lui venait comme il vient aux lâches lorsqu’ils sont découverts. — Quoiqu’il eût reçu de la junte l’ordre de détourner Volmerange d’Edith, certes il avait outrepassé ses pouvoirs d’une façon odieuse, et fait dans cette intrigue une part trop grande à sa haine particulière. Il éprouvait ce regret amer et sans compensation des scélérats qui n’ont pas réussi.