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dressant de toute sa hauteur, je te suivrai dans l’Inde, je ferai tout ce que tu voudras : mon cœur et mon bras t’appartiennent pour le service que tu viens de me rendre. Maintenant, laisse-moi sortir d’ici : je suis tout à ma vengeance.

— Va, répondit Priyamvada, sois terrible comme Durga plongeant son trident au cœur du vice, féroce comme Narsingha, l’homme-lion, déchirant les entrailles d’Hiranyacasipu.

Et elle prit la main du comte qu’elle conduisit par différents détours jusqu’à une porte qui donnait sur la rue.

Quand elle revint. Dakcha, qui avait suivi toute cette scène, caché derrière le rideau, était debout au milieu de la chambre, le coude appuyé sur le bras et le menton sur la paume de la main, dans une attitude méditative. Au bout de quelques secondes, il dit à Priyamvada :

— Je pense, jeune fille, que tu as eu tort de laisser aller le cher seigneur… S’il ne revenait pas ?…

Il reviendra, répondit l’Indienne, en faisant luire, derrière l’anneau de brillants de ses narines, un sourire plein de malice et de coquetterie naïve.

Lorsque Volmerange se trouva dans la rue, il crut avoir été le jouet d’un rêve. Devait-il ajouter foi à cette fantasmagorie, et Dolfos était-il véritablement le coupable ? Un secret instinct lui disait oui, quoiqu’il ne put appuyer sa conviction d’aucun indice.

En supposant qu’il fût coupable, comment le