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les cruautés de l’amour

que : il se dressa en sursaut et sonna son domestique.

— Faites ma malle ! dit-il d’une voix solennelle lorsque Claude entre-bâilla la porte.

— Monsieur est bien heureux de s’en aller, dit le domestique avec un soupir.

Quelques heures plus tard Maurice était à la gare du Nord et prenait un billet pour Montmorency. C’était bien assez loin comme cela.

Mais en route il se sentit tout à coup un grand amour pour la campagne, il ne laissait pas passer un acacia, pas un coquelicot, pas une touffe de vigne vierge enveloppant la maison d’un cantonnier sans l’embrasser d’un regard avide.

— Comme c’est joli ! se disait-il. L’homme est peut-être fait, après tout, pour vivre aux champs.

Et il admirait les carrés de légumes et les blés déjà hauts.

Il se promit de jouir avec recueillement de la nature, de fréquenter les bois et les prairies, mais de ne jamais descendre vers Enghien, où l’on retrouve Paris et ses plaisirs.

À Montmorency tout était loué, et le jeune Parisien crut un instant qu’il lui faudrait retourner à la ville. Il finit cependant par trouver une chambre des plus médiocres, située au rez-de-chaussée dans la Grande-Rue.