qui portent ses ordres, et ses soldats sont dangereux, surtout pour lui…
Le prophète s’était levé ; il descendit lentement les marches du trône, tandis que les lions tendaient leur large mufle et dardaient sur lui leurs yeux d’ambre. Il s’avança vers le chevalier :
— Eh bien, quelle guerre veux-tu ?
D’un bond si subit qu’il ne put l’éviter, Hugues arracha le sabre de l’un des frères :
— Le combat corps à corps avec toi ! cria-t-il.
Mais Raschid, apaisant d’un geste l’émotion des siens, dit, toujours ironique :
— Quoi ! n’es-tu pas satisfait de mon hospitalité ? Ne t’ai-je pas donné un avant-goût du paradis, dans le mirage d’un rêve enchanté ? Et cette enivrante entrevue avec la dame de tes pensées, qui donc te l’a ménagée ? Tu ne saurais même pas me reprocher d’être venu l’interrompre avant ton gracieux appel.
— Ah ! cesse de railler ! prends une arme et combattons, dit Hugues tout frémissant d’impatience.
— Viens donc, si tu crois n’en avoir pas fait assez pour que toi, et toute la vermine chrétienne, ne disparaissiez du monde au souffle de ma colère.