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le second rang du collier

sont entrés. L’un, mince, grand, avec des cheveux blonds très frisés, une fine moustache, le teint sombre, presque de la même couleur que les cheveux ; l’autre plus gros, très brun, les joues bleues, d’épais sourcils, de grandes oreilles et une grande bouche.

Ils s’avancent en se dandinant, les mains dans les poches, et regardant tout, autour d’eux.

— Est-ce que Théo est là ? nous demande le brun.

— Non, il est à Paris. Maman est sortie aussi ! Nous sommes seules à la maison.

— C’est ça, la maison ? dit le grand blond en la désignant d’un geste de la tête. Et voici le jardin ; ajoute-t-il en se rapprochant lentement du parapet.

Son compagnon le rejoint, et ils restent là, plantés, sans mot dire, paraissant très absorbés dans la contemplation du jardin, mais ayant l’air aussi de penser à autre chose. Le brun tient sa canne en fusil, le blond pose alternativement son index sur l’une ou l’autre de ses narines.

Appuyées l’une à l’autre, ma sœur et moi, nous nous poussons le coude, en nous communiquant des yeux, les impressions que nous causent ces singuliers visiteurs. Le blond, qui nous regarde en dessous, surprend le geste.

— Hein ! vous ne nous connaissez pas, dit-il ; vous vous demandez : « Qu’est-ce que c’est que