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le second rang du collier

clair du tout. Cela importait peu, puisque c’était beau, et qu’en passant le seuil on croyait entrer dans une chapelle. J’avais appris, en regardant faire le jeune peintre, en l’aidant un peu, la façon d’exécuter cette ornementation et j’ai gardé longtemps la manie — je l’ai même encore — d’enjoliver ainsi mes croisées.



Madarasz n’était pas le seul hongrois qui fréquentait à Neuilly. Théophile Gautier avait fait en Russie la connaissance du peintre Zichy. Souvent, de passage à Paris, Zichy nous rendait visite. Il avait même prié mon père de donner l’hospitalité à quelques-unes de ses aquarelles, au sortir d’une exposition ; elles décorèrent notre salle à manger où nos tableaux s’étaient serrés pour leur faire place : trois grandes natures mortes — des bêtes saignant sur la neige — et deux tableaux de genre. Mon père avait présenté ces œuvres au public avant de les accueillir chez lui, où il les eut pendant plusieurs années sous les yeux :


Tout récemment, l’exposition du boulevard Italien s’est enrichie de plusieurs aquarelles de Zichy, un peintre hongrois, dont la réputation s’est faite à Saint-Pétersbourg, et qui ne se trouve nullement dépaysé à Paris entre tous ces purs échantillons de l’art français. Zichy possède un talent souple et varié qui ne s’enferme pas dans une spécialité étroite. À voir son Renard, son Loup et son Lynx, on pourrait le prendre pour un animalier de profession, tant sa