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le second rang du collier



Depuis que nous raffolions de la musique, Toto, Olivier de Gourjault, Henri Delaborde et plusieurs autres camarades de mon frère, fidèles habitués des Concerts populaires de Pasdeloup, nous conseillaient vivement d’y assister avec suite, afin de connaître et de comprendre sérieusement la musique classique. Pasdeloup envoyait à mon père, qui rendait compte de ses concerts, une place pour toutes les séries ; mais il nous en fallait trois, et, comme cela coûtait assez cher, nous n’osions pas trop insister ; mais nos mines contrites, nos soupirs, nos airs de victimes résignées, parlaient pour nous, et le père ne tarda pas à nous faire la charmante surprise de nous apporter deux abonnements, pour toute la saison. De ce jour, nos dimanches ne furent plus mélancoliques.

Du fond de Neuilly au Cirque d’Hiver, il y avait un bon bout de chemin et il fallait partir de bonne heure, pour arriver avant le premier coup d’archet du chef d’orchestre.

Ma mère, ou une des tantes, nous accompagnait, et souvent nous partions avec mon père, qui allait au journal, pour écrire son feuilleton. En ce cas, l’omnibus nous menait jusqu’à la porte Maillot, où nous prenions une voiture ; nous conduisions mon père au Moniteur Universel, quai Voltaire, puis le