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le second rang du collier

verser tant de larmes à notre douce et sentimentale Marianne.



Toutes sortes de conciliabules avaient lieu à la maison ; des gens inconnus venaient, à des heures fixées, conduits, le plus souvent, par la belle Virginie Huet, pianiste de plus en plus éminente. On s’enfermait, on discutait, des éclats de voix arrivaient jusqu’à nous, tandis que, penchées sur nos cahiers, nous écrivions quelque dictée, qu’Honorine égrenait distraitement, l’oreille tendue vers les bruits du salon.

Mon père ne faisait pas partie de ces réunions ; ce tourbillonnement insolite évoluait autour de ma mère, qui semblait très affairée et dans un état de surexcitation joyeuse.

Tout s’expliqua un jour : il s’agissait de l’organisation d’une tournée artistique, d’une série de concerts donnés à Nice, pendant la saison d’hiver.

Virginie faisait partie de la combinaison ; elle était engagée comme pianiste, plutôt à cause de ses bras de statue et de son profil biblique, que de sa valeur artistique, très contestable, je crois.

Il fut convenu que Mme Huet mère accompagnerait sa fille à Nice et que ma mère partirait avec elles. On ferait là-bas ménage commun.

Nous avions tout de suite pressenti quel serait,