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Ce n’était plus la verte vallée d’Égypte que l’on traversait, mais des plaines mamelonnées de changeantes collines et striées d’ondes comme la face de la mer ; la terre écorchée laissait voir ses os ; des rocs anfractueux et pétris en formes bizarres, comme si des animaux gigantesques les eussent foulés aux pieds quand la terre était encore à l’état de limon, au jour où le monde émergeait du chaos, bossuaient çà et là l’étendue et rompaient de loin en loin par de brusques ressauts la ligne plate de l’horizon, fondue avec le ciel dans une zone de brume rousse. À d’énormes distances s’élevaient des palmiers épanouissant leur éventail poudreux près de quelque source souvent tarie, dont les chevaux altérés fouillaient la vase de leurs narines sanglantes. Mais Pharaon, insensible à la pluie de feu qui ruisselait du ciel chauffé à blanc, donnait aussitôt le signal du départ, et coursiers, fantassins, se remettaient en marche.

Des carcasses de bœufs ou de bêtes de somme couchées sur le flanc, au-dessus desquelles tournoyaient des spirales de vautours, marquaient le passage des Hébreux et ne permettaient pas à la colère du roi de s’égarer.

Une armée alerte, exercée à la marche, va plus