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fraîche nature, dont la paix gagnait son âme et elle se dit : « Oh ! qu’il serait doux d’être aimée ici, dans la lumière, les parfums et les fleurs ! »

Poëri reparut ; il avait terminé son inspection, et il se retira dans sa chambre pour laisser passer les heures brûlantes du jour. Tahoser le suivit timidement, se tint près de la porte, prête à sortir au moindre geste ; mais Poëri lui fit signe de rester.

Elle s’avança de quelques pas et s’agenouilla sur la natte.

« Tu m’as dit, Hora, que tu savais jouer de la mandore ; prends cet instrument accroché au mur ; fais résonner les cordes et chante-moi quelque ancien air bien doux, bien tendre et bien lent. Le sommeil est plein de beaux rêves qui vient bercé par la musique. »

La fille du prêtre décrocha la mandore, s’approcha du lit de repos sur lequel Poëri s’était étendu, appuyant la tête au chevet de bois creusé en demi-lune, allongea son bras jusqu’au bout du manche de l’instrument, dont elle pressait la caisse sur son cœur ému, laissa errer sa main le long des cordes, et en tira quelques accords. Puis elle chanta d’une voix juste, quoiqu’un peu tremblante, un vieil air égyptien, vague soupir des