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tilla la tige autour de la bandelette de ses cheveux, et se composa une coiffure que tout l’art de Nofré n’eût pas égalée en vidant les coffres à bijoux.

Quand elle eut fini et qu’elle se releva fraîche et radieuse, un ibis familier, qui l’avait gravement regardée faire, se haussa sur ses longues pattes, tendit son long col, et battit deux ou trois fois des ailes comme pour l’applaudir.

Sa toilette achevée, Tahoser revint prendre sa place sur la porte du pavillon en attendant Poëri. Le ciel était d’un bleu profond ; la lumière frissonnait en ondes visibles dans l’air transparent ; des arômes enivrants se dégageaient des fleurs et des plantes ; les oiseaux sautillaient à travers les rameaux, picorant quelques baies ; les papillons se poursuivaient et dansaient sur leurs ailes. À ce riant spectacle se mêlait celui de l’activité humaine, qui l’égayait encore en lui prêtant une âme. Les jardiniers allaient et venaient ; des serviteurs rentraient, chargés de bottes d’herbes et de paquets de légumes ; d’autres, debout au pied des figuiers, recevaient dans des corbeilles les fruits que leur jetaient des singes dressés à la cueillette et juchés sur les hautes branches.

Tahoser contemplait avec ravissement cette