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D’un geste, Fidé-Yori congédia les assistants ; il retint le prince de Nagato.

— Tu peux parler devant lui, c’est mon ami le plus cher, dit-il. Mais calme-toi ; pourquoi parais-tu si effrayée ?

Omiti s’efforça de rassembler ses idées, troublées par la fièvre.

— Voici, dit-elle. Hiéyas par des émissaires habiles excite le peuple d’Osaka à la révolte, à la haine contre le légitime seigneur. Un soulèvement doit avoir lieu ce soir même, des soldats déguisés en artisans débarqueront sur la plage près du faubourg ; ils s’introduiront dans la ville et viendront, jusque dans ton château démantelé, te sommer d’abdiquer ton titre ou t’arracher la vie si tu refuses. Tu ne doutes pas de mes paroles, n’est-ce pas ? une fois déjà tu as eu la preuve, hélas ! que les malheurs que j’annonce sont véritables.

— Quoi ! s’écria Fidé-Yori, dont les yeux se mouillèrent de larmes, c’est encore pour me sauver que tu es venue vers moi. Tu es le bon génie de ma vie.

— Hâte-toi de donner des ordres, de prendre des mesures pour prévenir les crimes qui se préparent, dit Omiti, le temps presse : ce soir, as-tu bien compris ? les soldats de Hiéyas doivent envahir traîtreusement ta ville.

Fidé-Yori se tourna vers le prince de Nagato.

— Ivakoura, dit-il, que me conseilles-tu de faire ?

— Prévenons le général Yoké-Moura. Qu’il mette ses hommes sous les armes, qu’il surveille la plage et la ville. N’y a-t-il pas un lieu où doivent se réunir les chefs du complot ? ajouta-t-il en s’adressant à Omiti.

— Il y en a un, dit la jeune fille, c’est la maison de thé du Soleil levant.

— Eh bien, il faut faire cerner l’auberge et s’emparer