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bientôt rejoint. Alors l’homme se voyant perdu se laissa glisser à bas de son cheval et s’enfuit à pied, abandonnant la reine.

Le prince crut reconnaître dans celui qui fuyait, Faxibo, l’ancien palefrenier devenu le confident de Hiéyas.

C’était lui en effet. Cet homme, qui ne respectait rien, voyant la bataille perdue et le mikado hors d’atteinte, se souvint de la Kisaki, isolée et sans défense au palais d’été ; il comprit toute la valeur d’une telle capture et résolut d’enlever la souveraine. Il entra au palais en se donnant pour un envoyé de Yama-Kava. Il était à cheval, la reine s’avança sur la verandah, alors il la saisit et s’enfuit du palais avant que les serviteurs fussent revenus de leur surprise.

Le prince n’eut pas le loisir de poursuivre Faxibo, le cheval qui portait la reine continuait à courir.

Nagato s’élança vers elle et la reçut dans ses bras, elle était évanouie.

Il la porta à l’ombre d’un buisson de thé et l’étendit sur l’herbe, puis il se laissa tomber sur un genou, tremblant d’émotion, éperdu, fou. L’étourdissement de la course qu’il venait de faire, la fatigue du combat et de la nuit passée sans sommeil troublait son esprit ; il s’imaginait rêver ; il regardait celle qui sans relâche emplissait sa pensée, et bénissait l’illusion qui lui faisait croire qu’elle était devant lui.

Étendue, dans une pose abandonnée et souple, très pâle, la tête renversée, le corps enveloppé par les plis fins de sa robe en crêpe lilas, que soulevaient les battements précipités de son cœur, elle semblait dormir. Sa manche s’était un peu relevée, découvrait son bras ; sa petite main posée sur l’herbe, la paume en l’air, semblait une fleur de nénuphar.