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souriait en voyant combien l’effet produit par l’apparition du mikado avait répondu à ses prévisions.

Mais tout à coup, au moment où il allait mettre le pied sur le pont-levis et pénétrer à son tour dans la forteresse, des serviteurs affolés, accoururent sur les rives du Kamon-Gava.

— La reine crièrent-ils, on enlève la reine !

— Que dites-vous ? s’écria le prince en blêmissant, la reine n’est donc pas dans la forteresse ?

— Elle n’a pas eu le temps de s’y réfugier, elle est à la résidence d’été.

Sans en écouter davantage, Nagato s’élança comme une floche, dans la direction du palais, suivi par ce qui restait de ses matelots, cinquante hommes valides à peu prés.

Mais ces hommes perdirent le prince de vue, ils ne connaissaient pas la route, ils s’égarèrent.

Nagato eut vite atteint la porte du palais d’été. Des pages étaient debout sur le seuil.

— Par là ! par là ! crièrent-ils au prince en lui montrant la route au pied des montagnes.

Nagato enfila cette route, bordée de grands arbres ; elle ondulait faisait des courbes ; on avait peu de distance devant les yeux ; il ne vit rien. Il ensanglantait les flancs de sa monture ; elle bondissait. Il jeta son fusil pour s’alléger.

Après dix minutes d’une course folle, il aperçut la croupe d’un cheval dans un nuage de poussière ; le prince gagnait du terrain ; il vit bientôt un voile qui flottait et un homme qui tournait la tête avec inquiétude.

— Quel est cet homme qui a osé la prendre dans ses bras ? se disait Nagato en grinçant des dents.

Le ravisseur se jeta dans une vallée, le prince l’eut