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Personne ne s’avançait plus hors du souterrain.

— Ils croient pouvoir s’échapper, disait Yoké-Moura ; ils vont revenir lorsqu’ils s’apercevront que la retraite leur est coupée.

Bientôt, en effet, des cris de détresse se firent entendre. Ils étaient tellement déchirants que Fidé-Yori tressaillit.

— Les malheureux murmura-t-il.

Leur situation était horrible, en effet : dans cet étroit couloir, où deux hommes pouvaient à peine s’avancer de front, où on respirait mal, ces soldats éperdus, fous de peur, se poussaient, s’écrasaient dans l’obscurité, voulant à tout prix de la lumière, fût-ce celle de la nuit, qui leur eût paru brillante à côté de cette ombre sinistre.

Une poussée terrible fit jaillir quelques hommes hors du souterrain, ils tombèrent sous le glaive des soldats.

Au milieu des cris, on entendait ces paroles confusément :

— Grâce nous nous rendons.

— Ouvrez laissez-nous sortir.

— Non, dit Yoké-Moura, pas de pitié pour des traîtres tels que vous. Je vous l’ai dit, vous avez creusé votre propre tombeau.

Le général faisait apporter des pierres et de la terre pour combler l’ouverture.

— Ne fais pas cela, je t’en conjure, dit Fidé-Yori, pâle d’émotion, ces cris me déchirent le cœur ; ils demandent à se rendre ; faisons-les prisonniers, cela suffit.

— Tu n’as pas à me prier, maître, dit Yoké-Moura ; tes paroles sont des ordres. Holà ! vous autres, ajouta-t-il, cessez de hurler, on vous fait grâce ; vous pouvez sortir.