Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vant lui le seigneur, ses femmes, ses enfants et toute sa maison.

Ils parurent bientôt.

Il y avait là des femmes âgées, quelques-unes accompagnant leur père très vieux et tremblant, quelques jeunes filles, des enfants. Le seigneur s’avança, tenant son fils par la main, Fatkoura marchait près de lui.

— Si tu veux faire périr les femmes, dit le vieux Nagato en regardant Toza avec mépris, hâte-toi de le dire, que je puisse te maudire et appeler sur toi toutes les afflictions.

— Que m’importe que ces femmes vivent ou meurent, s’écria Toza, toi-même ayant abdiqué, tu n’es plus rien, et j’épargnerai ta vieillesse. Je cherche, parmi vous, un otage assez précieux pour qu’il puisse me répondre de la soumission du prince de Nagato, car, après la victoire, je ne puis m’établir sur ses terres, la guerre m’appelle d’un autre côté. Qui prendrai-je, continua-t-il, le fils ou le père ? L’enfant est encore bien jeune et sans valeur ; faute de mieux, j’emmènerai le père.

— Emmène-moi avec lui alors ! s’écria l’enfant.

Fatkoura s’avança tout à coup.

Puisque tu trouves le père trop vieux et le frère trop jeune, s’écria-t-elle, fais prisonnière l’épouse du souverain, si tu la crois digne d’être regrettée.

— Certes, je t’emmène, car tu dois être passionnément aimée, dit Toza frappé de la beauté de Fatkoura.

— Ma fille, murmurait le vieux Nagato, pourquoi t’être trahie ? pourquoi ne m’avoir pas laissé partir ?

— Est-elle vraiment l’épouse d’Ivakoura ? demanda le vainqueur inquiété par un doute ; je te somme de me répondre en toute vérité, Nagato.