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commandent chacun dix mille soldats ; Moritzka en a quinze mille, et Yama-Kava cinq mille. Moi je suis à la tête de trente mille hommes. C’est donc un total de cent dix mille soldats.

— Par quels moyens grossirons-nous cette armée ? dit le siogoun.

— Tu ne songes pas, maître, dit Yoké-Moura, que les princes n’ont pas encore envoyé les troupes qu’ils sont tenus de te fournir en temps de guerre, et que ces troupes tripleront, pour le moins, le chiffre de ton armée.

— Il ne faut pas oublier cependant, s’écria le prince d’Aki, que certaines provinces sont directement menacées par Hiéyas ou ses alliés et que ces provinces seront contraintes de garder leurs soldats sous peine d’être immédiatement envahies.

— Les provinces les plus exposées, dit Signénari en jetant les yeux sur une carte, sont celles de Satsouma, de Nagato et d’Aki à cause du voisinage des principautés de Figo et de Toza.

— Comment ! s’écria Fidé-Yori, le prince de Figo, le prince de Toza m’abandonnent ?

— Hélas ! ami, dit Nagato, tu l’ignorais, depuis longtemps cependant je t’avais signalé leur trahison, mais ton âme pure ne peut pas croire aux crimes.

— Il faut, s’il en est ainsi, dit le siogoun, que les princes gardent leurs soldats et qu’ils aillent se mettre à leur tête. Il va falloir que tu me quittes, Ivakoura.

— J’enverrai quelqu’un à ma place, dit le prince de Nagato. Je suis décidé à rester ici. Mais ne nous occupons pas de cela, hâtons-nous d’agir et d’envoyer nos soldats à leurs postes, ne perdons pas le temps en paroles vaines.

— Je me range à l’avis de Yoké-Moura, dit le sio-