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dessus du front un petit miroir rond entouré d’un rang de perles.

Bientôt, un char magnifique, traîné par deux buffles noirs, s’avança devant le palais. Ce char, surmonté d’un toit et tout couvert de dorures, ressemblait à un pavillon. Il était clos par des stores que la Kisaki fit relever.

Les princesses et les seigneurs prirent place dans des norimonos portés par un grand nombre d’hommes richement vêtus, et l’on se mit en route joyeusement.

La journée est magnifique, une légère brise rafraîchit l’air, on ne sera pas incommodé par la chaleur.

D’abord on traverse les jardins de la résidence. Le char écarte les branches fantasques qui se projettent sur les allées, il fait envoler les papillons et tomber les fleurs. Puis on atteint la muraille qui entoure le palais d’été et l’on franchit la haute porte surmontée par l’oiseau du mikado, le Foo-Houan, animal mythologique qui participa à la création du monde. On longe alors extérieurement les murailles, puis l’on prend un chemin bordé de hauts arbres qui conduit auprès des montagnes. C’est là que toute la cour descend pour continuer la route à pied. On forme des groupes, les serviteurs ouvrent les parasols, et l’on commence gaiement à gravir la montagne. La Kisaki marche la première, légère, joyeuse comme une jeune fille, elle court par instants, cueille des fleurs sauvages aux buissons ; puis, lorsqu’elle en a une provision trop ample, elle les jette sur le chemin ; les conversations s’engagent, les éclats de rire retentissent, chacun marche à sa guise ; quelques-uns des seigneurs retirent leur chapeau laqué qui ressemble à un bouclier rond et l’accrochent à leur ceinture puis ils fixent leur éventail ouvert sous leurs cheveux tordus en corde, de façon à