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et les cheveux obéissent plus docilement que le marbre de Paros ou du Pentélique. Regardez ces beaux bandeaux noirs, décrivant leurs lignes pures sur un front pâle, et pressés comme par un diadème, par une torsade, qui part du chignon et s’y rattache, cette couronne blonde, où semble palpiter la brise amoureuse, et qui forme comme une auréole d’or à une tête blanche et rose ! Voyez avec quel goût se massent sur la nuque ces nœuds, ces boucles, ces tresses enroulées sur elles-mêmes comme une corne d’Ammon, ou comme une volute de chapiteau ionien ! Un sculpteur athénien, un peintre de la renaissance, les disposeraient-ils avec plus de grâce, d’ingéniosité et de style ?

— Nous ne le croyons pas.

Nous n’avons parlé jusqu’ici que de l’arrangement même des cheveux, que serait-ce si nous arrivions aux coiffures proprement dites ; nous défions l’art d’inventer mieux. Tantôt ce sont des fleurs où tremblent des gouttes de rosée, ouvrant leurs pétales parmi des feuillages glauques, roux ou verts ; tantôt de souples brindilles qui descendent négligemment sur les épaules ; ou bien des sequins, des résilles de perles, des étoiles en diamant, des épingles à boule de filigrane ou constellées de turquoises, des bandelettes d’or nattées avec les