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Cependant, rien n’est plus facile à distinguer dans l’uniformité apparente que la gondole du patricien de la gondole du bourgeois.

Mais, par exemple, si les artistes sont fondés en raison lorsqu’ils réclament contre le costume des hommes, dont ils laissent l’invention aux tailleurs au lieu de le dessiner eux-mêmes, ils n’ont aucune objection plausible à élever contre le costume des femmes. S’ils allaient plus souvent dans le monde et voulaient se dépouiller de leurs préjugés d’atelier pendant une soirée, ils verraient que les toilettes de bal ont de quoi satisfaire les plus difficiles, et que le peintre qui les traiterait d’une façon historique, en y appliquant le style, sans cesser pour cela d’être exact, arriverait à des effets de beauté, d’élégance et de couleur dont on serait étonné. Il faut toute la force de la fausse éducation classique pour n’être pas frappé de l’aspect charmant que présentent une sortie d’Opéra, un cercle de femmes assises dans un salon, ou causant debout près d’une console ou d’une cheminée.

Jamais peut-être on ne s’est mieux coiffé : les cheveux sont ondés, crépelés, nattés, relevés en ailes, rejetés en arrière, tordus en câble, avec un art vraiment merveilleux. Le peigne parisien vaut le ciseau grec,