Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/327

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gentleman encore très-jeune, une boîte de pistolets de Manton, quelques épées de fine trempe groupées avec art.

On entre : l’œil n’est attiré ni choqué par rien ; on ne voit que des teintes douces, des angles émoussés ; tout vous charme et rien ne vous arrête : on est charmé sans qu’on puisse en dire la cause ; un soin intelligent qui se cache a présidé à tout ; les fauteuils sont larges, profonds et commodes et placés à propos : tout ce dont on a besoin se présente de lui-même à la main. Le parfait gentleman laisse au vulgaire les couleurs criardes, le luxe voyant, les élégances douteuses dont aiment à s’entourer les parvenus ; point de papiers à ramages exorbitants, point de surcharges de dorures.

Si vous descendez à l’écurie, vous y verrez un cheval de demi-sang, d’une de ces robes qu’on ne remarque point, bai par exemple, que les promeneurs verront passer cent fois aux Champs-Elysées sans y faire attention, mais dont tous les connaisseurs apprécieront le poitrail profond, la fine encolure et les larges jarrets ; sous la remise, un coupé tout simple, œil de corbeau, doublé de bleu sombre, fait par Erler ou Daldringer ; une figurante de l’Opéra n’en voudrait pas