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VI

LA MOUSSON

Le pavillon de tempête vient d’être hissé dans l’air étouffant, comme mort. Un coup de canon a été tiré et c’est à peine si l’atmosphère immobile le répercute. Tout Madras en est ému cependant et, malgré l’accablante chaleur, le sommet des remparts, et toutes les places d’où l’on découvre la mer, se peuplent d’une foule inquiète, composée d’Anglais autant que de Français, d’Hindous et d’Arméniens.

Le soleil brille encore de tout son éclat, et au zénith le ciel est pur ; mais à l’occident, comme si la mer était en ébullition, des fumées, de plus en plus épaisses, semblent sortir des flots et s’accumulent à l’horizon.

C’est l’ouragan périodique qui vient à sa date. Ainsi qu’un monstre déchaîné, il s’avance implacable, et déjà dévore l’azur.

Beaucoup de braves marins vont payer, peut-être, de leur vie, les retards de La Bourdonnais, qui, malgré