qu’elles sont ici fort dangereuses et féroces. Entendez-vous leur musique ?
La nuit en effet était pleine de plaintes et de cris sourds. Mais les bêtes affamées fuyaient à l’approche de cette troupe nombreuse, et à travers les hautes herbes et les broussailles on arriva, sans en avoir vu une seule, à la pagode ruinée.
Des bandes de chacals, des compagnies de vautours furent encore les seuls ennemis que l’on eut à mettre en déroute et qui cédèrent la place en protestant par d’affreuses clameurs.
On fit le tour des monuments effondrés, des jardins sans clôtures ; puis, les sentinelles postées, le signal de la réussite de l’entreprise donné à l’escadre, on rompit les rangs et l’on campa dans la place si facilement conquise. Le plus grand nombre s’était installé dans une grande salle ouverte, la moins délabrée de l’édifice ; les deux officiers s’étendirent là aussi, sur leurs manteaux, pour prendre quelques heures de repos.
— Avez-vous sommeil, monsieur de Bussy ? demanda bientôt Kerjean.
— Sommeil ! Si près du moment de combattre, et sur cette terre que je brûle de voir et que la nuit me dérobe ? Non, certes, avec impatience j’attends l’aurore.
— Alors, si vous ne voulez pas dormir, permettez-moi de vous faire une question.
— Faites, monsieur de Kerjean, je serai heureux d’y répondre.
— Que pensez-vous de l’amiral ?