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Aurora, dans le ciel que brunissaient tes voiles,
Entr’ouvre ses rideaux avec ses doigts rosés ;
Ô nuit, sous ton manteau tout parsemé d’étoiles,
Cache tes bras de nacre au vent froid exposés.

Le bal s’en va finir. Renouez, heures brunes,
Sur vos fronts parfumés vos longs cheveux de jais,
N’entendez-vous pas l’aube aux rumeurs importunes,
Qui halète à la porte et souffle son air frais.

Le bal est enterré. Cavaliers et danseuses,
Sur la tombe du bal, jetez à pleines mains
Vos colliers défilés, vos parures soyeuses,
Vos dahlias flétris et vos pâles jasmins.

Maintenant c’est le jour. La veille après le rêve ;
La prose après les vers : c’est le vide et l’ennui ;
C’est une bulle encor qui dans les mains nous crève,
C’est le plus triste jour de tous ; c’est aujourd’hui.