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LES BAYADÈRES.

Voilà pour l’orchestre ; c’est tout ce que l’on peut rêver de plus simple, de plus patriarcal et de plus antédiluvien, de la musique d’enfant, le lullaby de la nourrice qui cherche à endormir son nourrisson par sa plainte monotone.

Maintenant que nous vous avons fait voir en détail les musiciens et les danseuses, nous allons vous les montrer à l’œuvre.

Ramalingam, debout au fond de la pièce, récite un poëme en frappant sur ses cymbales ; il scande fortement chaque vers, et fait voir ses dents blanches et pointues comme celles d’un chien de Terre-Neuve ; Savaranim souffle imperturbablement la note unique dans son chalumeau ; Deveneyagorn tourmente son tam, et fait aller ses doigts comme s’il jouait du piano. De temps en temps, les trois virtuoses roulent leurs yeux avec des mines extatiques, comme des dilettanti qui entendraient la symphonie en ut de Beethoven.

Saoundiroun et Ramgoun dansent, avec une vivacité et une pétulance qui rappellent