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LE NIL.

part pour la haute Égypte et donne de curieux détails sur l’installation de la cange qu’il a frétée, et que dirige un patron nommé Reis-Ibrahim, commandant à un équipage d’une douzaine de matelots.

Tantôt ouvrant sa voile immense, tantôt poussée à la perche ou halée au cordeau, selon les caprices du vent, la cange s’avance, rencontrant de temps à autre ces radeaux de poterie qui descendent de la haute Égypte au Caire, longeant des rives plates ou escarpées, mais toujours splendides et magnifiques. — Antinoé, la ville bâtie par Hadrien en l’honneur d’Antinoüs, le favori qui se sacrifia pour lui, ne tarde pas à montrer ses ruines relativement modernes pour cette terre où quarante et cinquante siècles passent sur les monuments sans les abattre, et qui seraient encore debout sans la barbarie d’Ibrahim Pacha ; — à Antinoé se trouve la limite que les crocodiles ne franchissent jamais, selon les Arabes, appuyant leur dire d’une légende assez bizarre et dont il ne ferait pas bon contester l’authenticité.