Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
L’ORIENT.

cowries, en dents de baleine, en grains de corail, des peignes, des nattes pour ceinture, enjolivées de brimborions, et une énorme perruque de jeune fille avec une mèche rougeâtre retombant entre les yeux. — Vous voyez que les paquets de faux cheveux et même la teinture rousse ne sont pas le monopole des élégantes européennes. — Ce qui distingue l’homme de la brute, c’est l’amour de l’ornement. Aucun orang-outang n’a eu l’idée de se mettre des boucles d’oreilles, nul animal ne se tatoue ou ne colore son poil d’une nuance autre que la naturelle. Il se trouve bien comme il est et n’a pas la conception d’une beauté supérieure. Le sauvage le plus primitif, le plus abruti, le plus immonde, fétichiste, cannibale, mangeant des vers de terre et de la terre glaise, allant tout nu, habitant des terriers, gloussant à peine quelques syllabes, passe Une arête de poisson dans la cloison de ses narines, attache à une fibre d’arbre ou d’animal des coquillages, des baies rouges, des griffes d’ours, et il s’en fait un collier, il dessine des arabesques sur son