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L’ORIENT.

découpé et cousu sur un fond de même étoffe comme les agréments des vestes andalouses tapissent la pièce située au bout du patio. Rien de plus original et de plus joli. Aux fenêtres brillent, comme des bouquets de pierreries cueillis dans la caverne d’Aladin, des vitraux d’abord recouverts de gypse et où les artistes arabes modernes, aussi habiles que ceux qui ont décoré les salles des Deux-Sœurs, des Abencerrages, ou le mirador de Lindarajo, ont fouillé à la pointe du ciseau, sans dessin préalable, des ornements à jour laissant transparaître les tons de saphir, de rubis et d’émeraude du verre coloré. On ne saurait imaginer un effet plus doux, plus mystérieux et plus magique : l’appartement du bey, voisin du patio, est décoré avec une rare magnificence. Les plus riches étoffes de l’Orient, les plus beaux tapis recouvrent les divans et les planchers : les sultanes se feraient des robes de gala avec les portières qui masquent les entrées, et les plus fins ouvriers en filigrane seraient désespérés par la délicatesse des moucharabys. C’est tout au