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musique. Le délai fût accordé, et cinq jours après, Confucius revint auprès de son maître avec un visage rayonnant.

J’ai trouvé enfin, ce que j’ai si longtemps cherché, s’écria-il. Je suis comme un homme qui a gravi péniblement une haute montagne, et découvre. enfin tout le pays environnant. À force d’attention et de persistance, je suis parvenu à découvrir dans cette pièce de musique antique, l’intention de celui qui l’a composée tous les sentiments par lui éprouvés, je les éprouve moi-même, en jouant _l’œuvre dans laquelle il les a enfermés. Il me semble que je vois le compositeur, que je l’entends, que je lui parle. Il m’apparaît comme un homme d’une taille moyenne, dont le visage un peu long est d’une couleur qui tient le milieu entre le blanc et le brun. Ses yeux sont grands et pleins de douceur, sa contenance est noble, sa voix sonore, toute sa personne respire la vertu, et commande le respect. Cet homme, j’en suis certain, c’est l’illustre. et sage empereur WenWang. En entendant celà Liang se prosterna devant Confucius.

C’est en effet Wen-Wang qui est l’auteur de cette musique, « dit-il » votre pénétration me comble d’étonnement, vous n’avez rien à apprendre de moi, vous êtes un sage et j’aspire à l’honneur d’être votre disciple.

Cette scène singulière, n’est-elle pas des plus surprenantes ? Même aujourd’hui, songerait-on à attribuer à la musique une aussi complète précision ! Quelle pouvait donc être cette pièce de musique sur laquelle le philosophe, dont la sagesse et l’intelli-