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PRÉFACE

J’imagine que beaucoup de ces illustrations sont des photographies en couleurs prises directement ; tels autres sont des aquarelles, assurément exécutées d’après nature ; et toutes ces images sont des « portraits de pays » ressemblants et vivants.

Commenté par de pareilles images, le texte parlera aux yeux des enfants, fixera leur attention ; et, après les avoir vues, ils n’oublieront plus le pays où ils croiront avoir réellement voyagé.

En chaque série se résument les caractères généraux, très différents — des grandes contrées qu’elles mettent sous nos yeux.

J’ouvre, au hasard, l’une d’elles : voici un « Bazar à Marrakech » ; la disposition des boutiques sous le toit de poutres qui, ça et là, laisse par un trou, voir l’éclat du ciel, voilà qui attire invinciblement ma curiosité et la retient ; puis c’est l’allure des passants qui la sollicitera ; puis la qualité de l’ombre lumineuse qui règne sous ce « couvert » ; et j’ai tout revu du Maroc, si je l’ai visité autrefois ; j’en ai tout vu et appris, si je ne le connaissais pas.

Bien plus parlant encore m’apparaît ce maigre personnage de bonze noir, le « Porteur de dépêches », qui, son bâton horizontal sur le dos, à la hauteur des épaules, les coudes en arrière, les mains comme accrochées et pendues aux extrémités de sa matraque, d’un pas large et fatigué, chemine dans le crépuscule — sur le ciel vert et jaune, se détachent là-bas, le profil