Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/380

Cette page a été validée par deux contributeurs.

salle où le corridor aboutissait. Le muet poussa un autre ressort, et Mahmoud-Ben-Ahmed se trouva dans une salle dallée de marbre blanc, avec un bassin et un jet d’eau au milieu, des colonnes d’albâtre, des murs revêtus de mosaïques de verre, de sentences du Coran entremêlées de fleurs et d’ornements, et couverte par une voûte sculptée, fouillée, travaillée comme l’intérieur d’une ruche ou d’une grotte à stalactites ; d’énormes pivoines écarlates posées dans d’énormes vases mauresques de porcelaine blanche et bleue complétaient la décoration. Sur une estrade garnie de coussins, espèce d’alcôve pratiquée dans l’épaisseur du mur, était assise la princesse Ayesha, sans voile, radieuse, et surpassant en beauté les houris du quatrième ciel.

« Eh bien ! Mahmoud-Ben-Ahmed, avez-vous fait d’autres vers en mon honneur ? » lui dit-elle du ton le plus gracieux en lui faisant signe de s’asseoir.

Mahmoud-Ben-Ahmed se jeta aux genoux d’Ayesha, tira son papyrus de sa manche, et lui récita son ghazel du ton le plus passionné ; c’était vraiment un remarquable morceau de poésie. Pendant qu’il lisait, les joues de la princesse s’éclairaient et se coloraient comme une lampe d’albâtre que l’on vient d’allumer. Ses yeux étoilaient et lançaient des rayons d’une clarté extraordinaire, son corps devenait comme transparent, sur ses épaules frémissantes s’ébau-